La guerre de l'attention, Comment ne pas la perdre : avis et résumé du livre
“La guerre de l’attention: Comment ne pas la perdre” de Yves Marry et Florent Souillot
Dans "La guerre de l'attention : comment ne pas la perdre" d'Yves Marry et Florent Souillot, les auteurs dévoilent un regard critique et profondément politique sur notre ère technologique.
Bien loin d'être un guide pratique, l'ouvrage nous pousse à remettre en question le mythe de la "technologie au service des hommes".
En pointant du doigt l'hyperconnexion omniprésente dans notre société avec un focus sur les géants numériques tels que Google, Facebook, Instagram, Amazon, les auteurs soulignent l'emprise économique, sociale et politique de ces entités surpuissantes.
Le livre nous incite à réfléchir sur notre attention, une ressource rare, remettant en question la légitimité des décisions prises par quelques entreprises et individus influents.
Les auteurs adoptent une posture critique envers l'économie de l'attention, dénonçant un modèle qui exploite l'attention humaine et mettant en lumière les entreprises qui exercent un contrôle sur nos habitudes (en influençant la libération de dopamine, par exemple)
Ils vont à l'encontre des discours prédominants et mettent en lumière les multiples conséquences de cette économie, allant de l'impact politique sur la démocratie à des implications sanitaires, particulièrement pour les plus jeunes, en passant par l'écologie.
Une lecture stimulante qui remet en question notre rapport à la technologie et à l'attention dans un monde de plus en plus numérique, sous l'influence prédominante des réseaux sociaux.
Les questions soulevées par l'économie de l'attention
Certains aspects du livre ont particulièrement résonné avec moi, notamment en raison de l'expérience que je mène : chercher à améliorer ma vie en réduisant le temps passé devant les écrans, et en particulier celui de mon téléphone.
Le débat et l’absence de nuance sur internet
"Tout cela mène à une culture du fantasme qui électrise des groupes occupés à s’insulter et à se troller les uns les autres autour de l’interprétation la moins charitable d’un message de plus en plus pauvre.
Les incompréhensions réciproques entraînent des réflexes de défense : plus de victimisation, plus de colère et moins de confiance sociale.
Cette culture du fantasme fige les positions et empêche toute pensée de la nuance, seule capable de refléter la complexité et la diversité du monde dans lequel nous vivons."
Cela devient évident, surtout sur Twitter (X), où le débat semble devenir presque impossible. On observe plutôt un affrontement entre deux camps incapables de s'écouter.
Les écrans, les réseaux sociaux et la liberté
"Notre attention ayant été capturée, nous évoluons dans le monde en homme diminué.
Parmi nos amputations, la plus sensible est peut-être notre liberté d'action qui relève directement de notre attention dans sa définition relationnelle élargie :
"Le prix réel de notre attention est celui des vies que nous aurions pu mener.
Envisagée de la façon la plus large, notre attention ne concerne pas seulement le prochain tournant de notre existence, elle embrasse tous nos choix et leurs relations, nos destinations, la façon dont nous souhaitons nous y rendre, nos motivations intimes, notre capacité à nous poser chacune de ces questions.
De ce point de vue, la question de l'attention est bien celle de notre liberté vécue, notre liberté de naviguer comme nous l'entendons à travers toutes les épaisseurs de l'expérience humaine.""
La question mérite d'être posée : dans quelle mesure les réseaux sociaux et nos téléphones contrôlent-ils notre vie sans que nous ayons réellement pris cette décision ?
Les réseaux sociaux et la santé mentale
"Mais par effet de miroir, quand on voit défiler la vie des autres, que voit-on ?
Du beau et du brillant.
Et comme la réalité individuelle ressemble rarement à une explosion de rires, de sourires filtrés pour être parfaits, mais bien davantage à un quotidien moins extraordinaire que ce qui constitue le fil d’actualité, alors on se compare et on ne se rassure pas : on souffre.
C’est l’une des raisons, avec l’impact sur le sommeil et l’anxiété, qui ont poussé, en 2017, la Royal Society of Public Health britannique à alerter sur les dangers d’Instagram, jugé l’application la plus dangereuse pour la santé mentale des 12-24 ans."
À mon avis, nous avons tendance à sous-estimer l'impact des réseaux sociaux sur notre vie personnelle et à croire que nous sommes insensibles à leur influence.
Comment ne pas être influencé par un lieu virtuel où nous passons en moyenne 5 heures par jour ?
Les réseaux sociaux et la fin de l’empathie
"Notre empathie est menacé par l'addiction au réseau sociaux.
L'individu hyper connecté tend à devenir insensible aux affects de ses proches et plus généralement aux émotions d'autrui.
Plus il se connecte à la toile mondiale de l'Internet, plus il se déconnecte du tissu social humain.
Par extension, c'est sa connexion au reste du monde vivant qui se délite au gré des clics."
En effet, l'exposition répétée à des images, des informations, voire de la violence en continu, ne risque-t-elle pas de nous rendre plus insensibles à de nombreux sujets ?